Published On: 30 décembre 2016Categories: Dans la presse

« Le 26 novembre, l’Assemblée Nationale votait une « résolution réaffirmant le droit fondamental à l’interruption volontaire de grossesse en France et en Europe ». Adopté à l’unanimité moins sept voix, ce texte symbolique prétendait célébrer solennellement les 40 ans de l’adoption de la loi Veil de 1974. Le Monde titrait « Le droit à l’avortement a 40 ans », Libération « La bataille de Simone Veil pour le droit à l’avortement » et Madame Figaro « Le droit à l’avortement menacé en Europe »…

Problème: la malheureuse Simone Veil n’étant plus en âge de le faire, personne ou presque n’a fait remarquer qu’il s’agissait au contraire d’enterrer définitivement sa loi, et que tous ces titres relevaient d’un révisionnisme éhonté. A l’occasion de son propre discours devant l’Assemblée le 26 novembre 1974, celle qui était à l’époque ministre de la Santé avait exposé on ne peut plus clairement l’esprit de sa loi: « Si elle n’interdit plus, elle ne crée aucun droit à l’avortement. »

 

Le Monde, Libération ou Madame Figaro ont donc tout faux: Aucun droit à l’avortement n’a jamais été proclamé en France. Pas plus qu’en Europe, puisque la Commission de Strasbourg réaffirmait à l’inverse le 10 décembre dernier que l’IVG ne saurait être un « droit ». En 1974 déjà, Simone Veil affirmait la nécessité de ne pas confondre l’avortement, « que la société tolère mais qu’elle ne saurait ni prendre en charge ni encourager », avec la contraception.

Son discours était limpide: « L’avortement doit rester l’exception, l’ultime recours pour des situations sans issue. » Et sa loi ne devait s’appliquer que pour une durée limitée à cinq ans, le temps de trouver de meilleures solutions. Concernant la génération politique de ses successeurs, la ministre de la Santé déclarait: « Sachons lui faire confiance pour conserver à la vie sa valeur suprême. » Elle ne doutait pas qu’ils agiraient de façon responsable.

En attendant, la loi Veil « interdit l’incitation à l’avortement par quelque moyen que ce soit car cette incitation reste inadmissible ». Et ce, pour une raison évidente: « C’est toujours un drame et cela restera toujours un drame. C’est pourquoi, si le projet qui vous est présenté tient compte de la situation de fait existante, s’il admet la possibilité d’une interruption de grossesse, c’est pour la contrôler et, autant que possible, en dissuader la femme. » Ainsi parlait madame Veil il y a 40 ans.

« Qui est pour l’avortement? Personne. Il faudrait être fou pour être favorable à l’avortement », écrivait quant à lui Pier Paolo Pasolini dans ses Lettres luthériennes. « Eh bien moi, ajoutait-il, je me suis prononcé contre l’avortement et pour sa légalisation ». Exactement comme Simone Veil, lorsqu’elle confiait: « Personne ne peut éprouver une satisfaction profonde à défendre un tel texte. » Car enfin: « Personne n’a jamais contesté, et le ministre de la Santé moins que quiconque, que l’avortement soit un échec quand il n’est pas un drame. »

Alors qu’elle jugeait inconcevable d’en tirer une quelconque fierté, c’est lui faire la pire injure aujourd’hui que de falsifier ainsi le sens de la loi qui porte son nom, pour la travestir en un « droit fondamental » aberrant: celui de recourir encore et encore à ce qu’elle a toujours considéré comme une tragédie, et de prolonger indéfiniment ce qu’elle espérait n’être qu’une solution d’exception, faute de mieux. Non seulement madame Veil n’a pas mérité ça, mais elle aurait mérité qu’un peu plus de sept voix défendent son réel combat. »

SOURCE

2017 arrive … la Marche Pour La Vie aussi!
Commandez vite les derniers tracts, affiches et autocollants !

Partagez ce contenu sur les réseaux sociaux