Valeurs Actuelles : Marche Pour La Vie, déterminés malgré la pluie
Reportage. “Si ‘notre époque’ ça veut dire disposer de la vie et de la mort comme bon nous semble, ça ne nous gêne pas trop d’être un peu en décalage”, résume une manifestante.
Comme chaque année, au mois de janvier, ils ont battu le pavé « pour la Vie ». Cette fois encore, ils dénonçaient l’avortement. Mais ils avaient ajouté à leurs revendications les sujets à venir des états généraux de la bioéthique : pour eux, c’est non à la PMA, non à la GPA et non à l’euthanasie.
Eux, ce sont les milliers de manifestants qui se sont rassemblés, malgré la pluie, pour relier la porte Dauphine et la place du Trocadéro. 40.000 selon les organisateurs, 8.500 selon la police. Le plus amusant étant l’estimation de l’AFP dans l’après-midi : pour l’agence de presse, il y avait « plus de mille personnes ». Une courte investigation permet d’en être sûr : ce dimanche, à Paris, les organisateurs parlaient déjà d’un peu plus de 900 volontaires pour encadrer les manifestants. Or sans être un pro de l’estimation des foules, il suffisait d’être sur place pour constater que les manifestants étaient quand même nettement plus nombreux que les gilets jaunes ou oranges.
Bref, ils étaient nombreux. Et assez jeunes. Etonnant que cette génération continue à s’opposer à l’avortement, pourtant légalisé depuis plus de 40 ans, et devenu « droit fondamental » depuis déjà quelques années.
Camille a 25 ans et refuse de se résoudre au silence : « on est justement une génération qui côtoie l’avortement tout le temps. C’est pas normal que ce soit devenu aussi banal comme acte. On le sait toutes que c’est douloureux, on devrait au moins essayer de l’éviter le plus possible… » Sur la scène installée place du Trocadéro, Jean-Marie Le Mené, président de la Fondation Lejeune et l’un des organisateurs de cette marche, s’est gentiment moqué de ceux qui accusent le mouvement d’être « obscurantiste, réactionnaire et moyenâgeux ». La dernière en date étant le ministre de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa. Il faut se rendre à l’évidence : ces manifestants ne s’éclairent pas à la chandelle et ne se chauffent pas à l’aide de galettes de bouse de vache séchées. Ils ressemblent à tous les autres jeunes de leur âge, et leur détermination interroge.
« Il faut quand même qu’on dise qu’on n’est pas dupe. L’avortement est un drame, pas un droit », lance une jeune fille, une affiche « c’est mon corps, pas ton choix » à la main. Lorsqu’on lui demande le sens de cette phrase, elle n’hésite pas une seconde : « on ne peut pas vraiment avoir confiance sur cette question parce qu’on nous raconte n’importe quoi. Le corps de l’enfant n’est pas celui de la mère, c’est absurde de prétendre le contraire. On veut bien parler du sujet, avoir un débat, mais pas si l’on nous prend pour des imbéciles ! » sourit-elle.
Dans le cortège, on trouve aussi beaucoup d’hommes, habituellement discrets sur ce sujet. S’ils sont là, c’est qu’ils refusent d’être privés de leur place dans le débat. « C’est quand même dingue qu’on soit ainsi mis de côté, jusqu’à preuve du contraire, on est deux à faire un bébé », explique un père de famille entouré de sa marmaille. Il précise cependant : « pour être plus exact, on a le droit d’être pour un avortement, jamais contre. Certaines femmes avortent clairement sous la pression d’un compagnon qui refuse d’être père. Lorsque ce dernier, à l’inverse, est le seul à souhaiter garder le bébé, contre l’avis de la mère, il n’a pas voix au chapitre. C’est une injustice considérable ».
Ils ne sont pas tristes ou agressifs et ce serait un mauvais procès que de prétendre l’inverse. Ils sont des enfants de l’époque mais restent déconnectés de son discours ambiant. « Mais si ‘notre époque’ ça veut dire priver un enfant de père, disposer de la vie et de la mort comme bon nous semble ou louer le ventre d’une femme et échanger un enfant contre un chèque, ça ne nous gêne pas trop d’être un peu en décalage », répond immédiatement Claire, entre deux strophes du regretté Johnny Hallyday qu’elle chante à tue-tête avec ses copains.
Sur une place du Trocadéro désertée en raison de la pluie, quelques centaines de jeunes restent malgré tout pour écouter ceux qui défilent sur le podium. L’avocat des parents de Vincent Lambert, Jérôme Triomphe, donne des nouvelles de ce dernier et s’insurge : « désormais, les médecins et les juges décideront à votre place si votre enfant doit vivre ou mourir ». Il reprend également à son compte le slogan inscrit sur une banderole par les quelques médecins, infirmières et personnel médical présents dans la manifestation : « ils ont transformé le serment d’Hippocrate en serment d’hypocrite ! » Jean est dans le cortège, et s’empresse d’expliquer la phrase : « ils veulent nous faire croire que c’est en tuant que l’on compatit. Mais compatir veut dire souffrir avec, pas tuer. Comment l’Homme peut-il ainsi s’arroger le droit de vie ou de mort ? »
Quelques minutes après, Jean-Marie Le Méné encourage les manifestants : « aucun scientifique au monde n’acceptera jamais de prendre la responsabilité d’écrire qu’un embryon n’est pas un être humain », comme pour conforter ces marcheurs du bien-fondé de leur combat qu’il veut poursuivre.
D’autres intervenants répètent inlassablement ce qu’ils affirment déjà depuis des années, sans varier. Mais le public, lui, se renouvelle. Ces manifestants s’étaient réunis autour d’un thème simple : « de l’ombre à la lumière ». Ce qu’ils cherchaient, ce dimanche, à Paris, c’était à « lever le voile sur un débat que personne n’accepte d’avoir ». Le soir-même, François-Xavier Bellamy posait une question simple sur le plateau de l’émission C Politique : « l’avortement n’est pas une opération anodine. Pourquoi est-ce qu’on ne pourrait pas tous se mettre d’accord pour dire que la baisse du nombre d’avortements devrait être un objectif de politique publique ? » C’est aussi ce que demandent, réalistes, nombre de manifestants de cette marche pour la vie. La France est, en effet, l’un des seuls pays d’Europe dont le nombre d’avortements ne faiblit pas.
Motivés, ils n’en sont pas moins dubitatifs sur leurs chances d’être entendus. « On fait déjà semblant de nous dire qu’il y aura un débat sur la PMA alors que c’est une promesse de Macron, et que la GPA ne sera jamais légalisée alors que plein de médias font déjà des reportages pour expliquer qu’on n’a pas le choix ! Ces discussions sont biaisées, mais nous continuerons à nous opposer à cette société d’apprentis sorciers. Un jour, c’est évident, nous réaliserons tous que le bonheur est ailleurs », conclut une jeune mère de famille déterminée à ne pas se laisser décourager par les victoires « progressistes » successives.
Il convient, par honnêteté, de noter qu’aucune dégradation ni aucune violence n’ont été constatées dans ou en marge de la manifestation. Ah si, une, à Rennes, où des militants antifascistes encagoulés ont bloqué un car de manifestants qui s’apprêtaient à rejoindre la capitale… par amour de la liberté d’expression, sans doute.
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