TRIBUNE. Nicolas Tardy-Joubert, le président de la Marche pour la Vie, s’oppose à l’inscription du « droit à l’IVG » dans la Constitution, qui sera présenté le 24 janvier à l’Assemblée nationale, au nom de la liberté de conscience des médecins.
Le président de la République souhaite qu’un projet de loi constitutionnel soit soumis au Parlement au début de 2024 pour que la liberté des femmes de recourir à l’IVG soit « irréversible ».
La Loi Veil a dépénalisé l’avortement en 1975 et plus de 10 millions d’avortements ont été enregistrés depuis, y compris pour des enfants handicapés jusqu’à la veille de leur naissance. La seule liberté de la femme aujourd’hui menacée est celle de ne pas pouvoir garder son enfant. La traduction concrète d’un tel projet de loi, gravé dans le marbre constitutionnel, serait de garantir la liberté de pouvoir faire mourir un être humain, si petit soit-il. Le voter serait participer à l’ensauvagement et à la dé-civilisation de notre société.
D’éminents juristes constitutionnels dénoncent l’incohérence de cette inscription du droit à l’avortement dans notre Constitution. Ce serait contraire à l’article 16 du Code civil qui « assure la primauté de la personne, interdit toute atteinte à la dignité de celle-ci et garantit le respect de l’être humain dès le commencement de sa vie », et incohérent avec l’article 66.1 de la Constitution qui prévoit que « nul ne peut être condamné à la peine de mort ». Ce projet présente aussi d’autres risques.
Si la liberté d’avorter était ainsi consacrée, que deviendrait la liberté de conscience pourtant fondamentale, pour s’y opposer ou refuser de pratiquer cet acte, et comment limiter des exigences toujours plus folles de nouvelle extension des délais ?
Quel sens des priorités ce Gouvernement a-t-il alors que la situation sécuritaire, sanitaire, éducative, économique avec nos 3000 milliards de dettes, traduisent la terrible fragilisation des structures de notre pays ? Le choix de pousser ce projet commencé par l’extrême gauche la plus radicale, traduit hélas une soumission idéologique mortifère. Le Gouvernement en remplaçant la proposition de loi de la députée LFI Panot par ce projet de loi veut, en même-temps, échapper au référendum qu’il craint, en le remplaçant par un vote du Congrès au début du mois de mars.
Il est indécent de vouloir constitutionnaliser l’avortement, alors qu’une très vaste majorité de celles qui s’engagent dans une telle démarche le font sous la pression économique ou celle de leur entourage. Le recours à l’avortement augmente avec le niveau de précarité (source DRESS). Selon une étude publiée en 2023 dans le British Medical Journal, une femme sur trois souffre de dépression après avoir avorté. Cette proposition est antisociale et inepte sur un plan de santé publique. Un triste record de 234 300 avortements a été enregistré en 2022 en France, et l’impact démographique, qui en résulte puisque nous n’atteignons plus le seuil de renouvellement des générations (1.80 enfants par femme vs 2.1 à atteindre) est délétère pour notre pays, pour notre économie. Les seules priorités dignes de ce nom, pour éviter ces violences faites aux femmes et aux enfants à naître, sont la mise en place de politiques de prévention de l’avortement, d’accompagnement financier et familial. Un volet éducatif sur la dimension affective et relationnelle de la sexualité permettrait aussi de réduire les grossesses adolescentes et d’agir dans le sens d’une parentalité responsable.
La Marche pour la Vie, porte des propositions pour que la protection de la vie devienne une grande cause nationale. Pourquoi par exemple ne pas lancer une grande étude publique pour mieux comprendre les causes et les conséquences de l’avortement comme le souhaitent 88 % des Français (Sondage IFOP octobre 2020). Plutôt qu’une réunion inutile du Congrès, la création d’une mission d’études parlementaire sur ce sujet, serait bénéfique, pour les Françaises et pour la Nation.
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